Dunkerque, port du futur
PORT DU FUTUR
Dunkerque accueillait cette année les 14° assises « port du futur » à l’initiative du CEREMA .
Une aubaine pour Patrice Vergriete, ministre démissionnaire qui venait de retrouver son poste de maire d’une ville, troisième port de France offrant une transformation des plus rapide et lieu bien choisi pour faire un peu de prospective, un an après l’annonce fondamentale de l’implantation de la première gigafxactory Vercor, du leader mondial de la batterie électrique première génération et des 2EPR de la 2°plus grosse centrale nucléaire européenne
Comme l’a rappelé son maire, cette ville de 210.000 habitants fut au cœur de tous les conflits. Après des sommets d’industrialisation, il fallut le choc de 2013 et une véritable hémorragie démographique pour qu’une nouvelle génération arrive et redonne un avenir au site en agissant sur deux piliers « jouer collectif et jouer le coup d’après »Ainsi est espérée la création de 16 000 emplois directs et une projection industrielle à 20 ou 30 ans.
Etre compétitif encore dans dix ans, fût le pari des acteurs du dunkerquois . Pour y parvenir ils misent sur la décarbonation (_55% en 2030) . Si l’on veut tout revoir pour les dix ans qui viennent bien sûr l’objectif c’est la TE en lien avec la politique industrielle ; avec une pincée de souci de souveraineté, de sécurité.
Mais surtout l’équipe change de point de vue : l’avenir d’un port ne sera plus d’être un point mais plutôt d’être un corridor. Il faudra adopter une nouvelle gouvernance , une nouvelle façon d’organiser les flux entre Calais , Dunkerque et Douvres, et s’il n’existe pas une législation précise de la TE on sait qu’il faut parvenir à zéro émission en 2050, décarboner donc de la production à la distribution, maritime entre les ports, avec des flux fluviaux à l’intérieur des terres , construire le canal à grand gabarit.. ;
Les navires et leurs armateurs sont concernée en priorité . L’Europe et l’ONU leur ont demandé de réduire leur vitesse et leurs émissions polluantes (CO2, Nox, SO2 mais aussi PuFs…parfois mieux vaut un peu de CO2 que beaucoup de PuFs) L’affaire est importante, 70 navires sont à décarboner d’ici 2050. La Directive européenne encore en arbitrage prévoit qu’une part des compensations faite aux états devrait revenir à la décarbonisation des navires. Qu’en sera- t -il ? Assistera t on à des retrofits ou à des renouvellement de flotte ? Si la zone DECA sans soufre existe en méditerranée elle doit passer en Europe du nord et sauter l’étape GNL. Il y a des questions, aura-t-on par exemple assez de carburants verts ?
Mais le fait de disposer d’une zone, « d’un poumon industriel » permet d’envisager un poste source alimenté à 180MW (au lieu de 3MW actuellement au port pour les ferries auxquels il faudrait déjà 20ou 30MW) Cela permettrait, à terme, de diminuer le temps de recharge des gros navires (et surtout des ferries). On peut y songer côté français grâce à la centrale nucléaire, mais côté anglais ?
Dèjà en lien avec l’Amérique du Sud, la Guyane, la Guadeloupe, la Colombie, Dunkerque s’affirme en agroalimentaire et confortera cette avance avec l’installation de l’usine de transformation de pomme de terre à destination du moyen Orient…. De nouvelles routes se construisent, les corridors vont bouleverser les plans de transport et pour le port, il faut toujours être le meilleur pour éviter le départ d’un armateur.
Le logisticien japonais Yusen logistics a inauguré ses 21 000 m2 d’entrepôts au port de Dunkerque vendredi 4 octobre. Si Hiroyuki Okamoto, président du groupe Yusen logistics, a choisi de s’implanter sur le domaine du port nordiste, c’est parce qu’il compte sur le développement d’un hub multimodal européen dans les Hauts-de-France. Un pari sur l’avenir qui s’appuie sur l’objectif du port de doubler sa capacité conteneur avec le projet Cap2020, les ambitions du terminal de ferroutage mais aussi sur le développement du projet de canal Seine-nord Europe dès 2030.
D martin Ferrari