Les Outre-mer en première ligne du dérèglement climatique. Quelles solutions ? (outremers 360)
Le Réseau Action Climat, qui fédère les associations engagées dans la lutte contre le dérèglement climatique et pour une transition écologique et solidaire, a réalisé un rapport sur les impacts créés par les bouleversements du climat dans les DROM-COM, et préconise des solutions pour y remédier.
« Par leur aménagement, concentré sur les littoraux, ainsi que la fragilité de leurs écosystèmes – qui concentrent 80% de la biodiversité française sur seulement 22% du territoire national – les DROM-COM sont les territoires français les plus exposés aux impacts du changement climatique », constate Réseau Action Climat. Bien que le changement climatique soit clairement causé par les activités humaines, les territoires d’Outre-mer ont une responsabilité historique limitée car ils ont peu contribué aux émissions de gaz à effet de serre. Cependant, ils sont fortement exposés aux impacts du dérèglement climatique, qui sont déjà visibles et s’aggraveront dans les années à venir.
Les pics de chaleur, liés au changement climatique, menacent directement les écosystèmes aquatiques, en particulier les récifs coralliens, dont dépendent de nombreuses sociétés humaines. Des températures océaniques supérieures à 30°C entraînent le blanchissement des coraux, qui peuvent se rétablir si les conditions redeviennent favorables. En parallèle, l’acidification des océans les affaiblit davantage. « Si le réchauffement climatique atteint +1,5°C à l’échelle mondiale – ce qui sera le cas dans les 20 prochaines années selon le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, ndlr) – 70% à 90% des récifs coralliens pourraient disparaître. Avec un réchauffement à +2°C (vers lequel on se dirige également), ce chiffre monte à 99 % des coraux », relève le rapport.
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« L’ouragan Irma, qui a frappé en 2017 Saint-Martin et les autres îles des Caraïbes, est le cyclone le plus fort jamais enregistré dans cette région et est considéré comme représentatif de ce que seront les ouragans du futur», ajoute le texte. Avec des vagues de 10 mètres et des vents de 360 km/h, il a causé 136 morts, des milliers de blessés, détruit 95% des bâtiments, ravagé les mangroves, et entraîné une forte érosion et des submersions marines. Les conséquences sociales et économiques sont graves, notamment la paralysie des territoires, la perte des infrastructures, des productions agricoles et du tourisme. La santé est également touchée, avec des problèmes d’accès à l’eau et à la nourriture, ainsi que des impacts sur la santé mentale, notamment le stress post-traumatique.
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Le changement climatique provoque aussi une élévation du niveau des mers, mettant en danger les îles, notamment les plus basses. Ce phénomène est déjà visible avec certaines zones submergées régulièrement à marée haute, rendant ces espaces progressivement inhabitables. Cela concerne particulièrement les atolls bas, comme ceux de Tuamotu en Polynésie, où les habitants devront probablement quitter leur foyer d’ici la fin du siècle. « Les îles plus hautes ne sont pas à l’abri pour autant. La plupart d’entre elles sont montagneuses et donc principalement aménagées sur leur bande côtière, directement exposée aux submersions. C’est le cas de Pointe-à-Pitre, qui abrite plus du quart de la population guadeloupéenne (en comptant la communauté d’agglomération qu’elle forme avec Abymes et Baie-Mahault), ainsi que la zone de Jarry, troisième plus grande zone d’activités de France », écrit le Réseau Action Climat.
Quelles solutions ?
Concernant le tourisme, notamment en Polynésie, le Réseau Action Climat préconise de concilier tourisme et protection de l’environnement, à condition de changer le mode de fonctionnement de ce secteur. « Il est pour cela nécessaire de privilégier un tourisme durable, qui ne dégrade pas les écosystèmes, par exemple en contrôlant les plongées sous-marines et le traitement des eaux usées. Un autre levier permettant de réduire la pression exercée sur les écosystèmes marins est la diversification de l’offre, en développant le tourisme des zones montagneuses ou forestières ».
Une autre des stratégies d’adaptation, en particulier face à l’élévation du niveau de la mer, consiste à protéger ou restaurer les écosystèmes, comme les mangroves, qui offrent une protection naturelle en compensant la montée des eaux et en amortissant les vagues cycloniques. Un exemple de restauration de mangroves est donné pour la commune du Lamentin en Guadeloupe. Cependant, bien que cette solution soit prometteuse dans certains cas, elle n’est pas applicable partout. « Face à la montée des eaux, la réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre reste la seule solution pleinement efficace », affirme l’étude.
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« Ces impacts, qu’ils soient directs ou par effet de cascade, doivent dès maintenant être pris en compte dans l’ensemble des politiques publiques menées par l’Etat et les collectivités », souligne le texte. Il sera nécessaire de s’adapter aux bouleversements climatiques pour préserver la qualité de vie, en réaménageant les villes pour réduire les îlots de chaleur, en gérant l’eau pour prévenir les sécheresses, en renforçant l’agro-écologie, et en se protégeant des inondations et des risques liés aux sols argileux. Réseau Action Climat mentionne également que de nombreuses politiques, à la charge des collectivités, notamment des Régions, peuvent apporter des bénéfices à la fois pour le climat, la biodiversité et l’équité socio-économique.