La Barbade dévoile la première voiture roulant avec un carburant tiré des algues sargasses (1° France TV)
C’est à la Barbade qu’a été lancé le premier véhicule alimenté par du gaz naturel biocomprimé (GNC), dérivé des sargasses et des eaux usées de distilleries de rhum. L’île saute à pieds joints dans la transition vers les énergies renouvelablesYasmina Yacou • Publié le 9 octobre 2024 à 07h00
La start-up locale Rum and Sargassum Inc., en collaboration avec le campus Cave Hill de l’Université des West Indies (UWI), a récemment lancé une innovation : le premier véhicule alimenté au bio-gaz naturel comprimé (bio-GNC).
Ce carburant avant-gardiste est produit à partir des eaux usées des distilleries de rhum et du biométhane extrait des algues sargasses, une ressource envahissante qui a longtemps posé des problèmes écologiques sur les côtes caribéennes.
Les sargasses, connues pour envahir chaque année les plages de Guadeloupe et de nombreuses îles de la région sont désormais perçues comme une opportunité grâce à ce projet, qui vise à transformer un fléau écologique en source d’énergie renouvelable.
Le Dr Legena Henry, du laboratoire de développement des énergies renouvelables de l’UWI, a dirigé cette initiative ambitieuse, soulignant que la Barbade, en tant que société créative, se positionne comme un leader dans la transition énergétique de la région.
L’un des objectifs principaux du projet est d’accompagner l’île dans son ambition de devenir un État insulaire 100 % renouvelable et neutre en carbone d’ici 2030.
Lors du lancement du véhicule, le Dr Henry a annoncé la prochaine phase du projet : la création d’une station de biogaz sur quatre hectares de terres agricoles à St. John, à l’est de l’île.
Le ministre de l’Énergie, Lisa Cummins, a salué cette avancée en rappelant que la Barbade compte environ 150 000 véhicules à combustibles fossiles.
Ce projet pourrait grandement contribuer à réduire les émissions de CO2 et offrir une alternative énergétique accessible à la population locale. Selon les estimations, cette transition pourrait permettre de réduire de moitié les factures de carburant tout en réduisant les émissions de carbone de 103 000 tonnes par an.
Au-delà de la Barbade, le projet pourrait avoir un impact global, la prolifération des sargasses touchant de nombreuses régions côtières du monde, de l’Amérique latine à l’Afrique de l’Ouest.
Le succès de cette initiative ouvre la voie à d’autres applications de ces algues, notamment dans les domaines de la lutte antiparasitaire et du traitement du diabète, selon le Professeur Clive Landis, directeur de l’UWI Cave Hill.