Message d’un valenciennois (vu dans Ouest France)

Valencia, Espagne, octobre 2024, chronique d’une catastrophe annoncée.

Il fallait s’y attendre ! Les scientifiques du GIEC nous préviennent depuis des décennies des risques de phénomènes climatiques extrêmes plus fréquents et plus violents dus aux bouleversements climatiques. La ville de Valence, c’est 134 km2 de bitumes, constructions, artificialisation et imperméabilisation des sols, un développement urbain exponentiel depuis les années 1960 pour répondre à l’expansion du tourisme de masse, et à l’exode rural. À l’ouest de la ville, des kilomètres carrés de terres agricoles pour des cultures intensives de fruits et légumes, sans talus, ni haies, ni zones boisées pour protéger ces terres de l’érosion en cas de fortes pluies. À l’ouest de ces terres agricoles : les « sierras », des montagnes boisées ou érodées dont les gorges et les vallées confluent toutes vers l’est c’est-à-dire vers la ville de Valence. Lorsqu’un phénomène climatique méditerranéen de grande intensité (goutte froide) se forme dans la région, des torrents d’eaux dévalent des montagnes vers ces vallées puis inondent les terres agricoles non protégées, se chargeant de boues, puis enfin ruissellent et inondent les villes dont les sols artificialisés n’absorbent plus ces déluges d’eau. L’eau, cherchant le chemin le plus court vers la mer, forme des torrents dévastateurs en empruntant les avenues orientées Ouest Est. Dans une société où tout est fait pour la voiture, des centaines de parkings souterrains se sont transformées en pièges parfois mortels. Pour l’instant les médias espagnols ne parlent pas des causes profondes de ces phénomènes, préférant relater les invectives politiques entre la gauche, la droite et l’extrême droite complotiste et climatosceptique de Vox. Redoutez-vous les décisions du futur gouvernement Trump II ? Pourtant il leur faudra bien un jour se confronter à la cruelle réalité : urbanisation sauvage, modèle agricole favorisant l’érosion et le ruissellement et surtout négation de l’origine humaine du changement climatique. Pour les climatosceptiques il semble insupportable de remettre en question notre modèle de surconsommation. Pourtant la seule solution pour éviter un réchauffement à plus de 2 degrés passera par l’abandon des énergies fossiles, la sobriété énergétique, les énergies renouvelables, la décroissance, la limitation du tourisme de masse, l’interdiction des grosses cylindrées énergivores, la fin de la surconsommation de produits venant de pays lointains. La tragédie de Valence nous montre que les coûts économiques du changement climatique vont être infiniment plus élevés demain que les investissements nécessaires aujourd’hui pour éviter le pire des scénarios. « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs » Et pourtant ce n’est que le début… »

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