COP 29: RESULTATS
Les pays participant aux négociations des Nations unies sur le climat sont finalement
repartis avec un accord lors de la COP29, en dépit des turbulences géopolitiques
provoquées par les conflits à travers le monde et après la réélection de Donald Trump à la
présidence des Etats-unis, le plus grand producteur mondial de combustibles fossiles.
Cette COP 29 a montré des pays riches, comme les États-Unis et le Japon, répondre avec
pingrerie aux demandes financières des pays pauvres, et des économies centrées sur les
énergies fossiles, comme l’Arabie saoudite, tenter de diviser la coalition mondiale en faveur
de l’action climatique, laissant aux plus vulnérables de la planète le soin de trouver les
compromis. Mais malgré ces vents contraires et un processus chaotique, un accord a été
conclu.
Lors d’une réunion baptisée « Conférence des parties sur les finances », les pays riches ont
paru se concentrer sur le transfert de la responsabilité du financement climatique à d’autres
économies en croissance plutôt que de desserrer les cordons de la bourse. Le manque de
confiance entre les pays riches et les pays pauvres, exacerbé par les guerres et la crise du
Covid, était clairement visible durant cette conférence.
Mais les pays en développement ont travaillé ensemble avec des partenaires du Nord pour
définir une direction pour le réalignement du système financier mondial avec l’objectif de
lutte contre le changement climatique, représenté par l’objectif de 1,3 trillion (1300 milliards)
de dollars américains d’aide en 2035.
Les pays riches, intégrant aussi pour la première fois des contributions de principales
économies du Sud, se sont engagés collectivement à verser 300 milliards de dollars par an
d’ici à 2035 en aide climatique. Ces chiffres, décevants, n’en témoignent pas moins de
l’engagement à long terme en faveur d’un partenariat sur le climat.
En contribuant à renvoyer la plupart des discussions sur l’atténuation à Bonn et à Belém,
l’Arabie saoudite a réussi à ralentir les progrès déjà réalisés dans ce processus vers la
transition énergétique. Mais elle ne les a pas tués, bien que la présidence azérie ait confirmé
nombre des pires craintes des pays à la conférence, en proposant un processus chaotique
et source de divisions.
En fin de compte, une voie a été trouvée dans les dernières heures de la COP, et les
dirigeants du G20 ainsi que les pays vulnérables ont tous réaffirmé leur engagement en
faveur du multilatéralisme. Ce résultat réclame une issue positive au Brésil lors de la COP30
l’année prochaine.
Le président brésilien Lula est désormais bien placé pour faire de la COP30 la « COP du
tournant », comme il l’a appelée. Il sera nécessaire. Les émissions vont toujours dans la
mauvaise direction, plus d’un demi-million de personnes ont été tuées lors des dix
événements météorologiques les plus meurtriers de ces vingt dernières années, qui ont tous
été attribués au changement climatique, et les événements météorologiques extrêmes
coûtent désormais 227 milliards de dollars américains par an.
Les résultats de cette COP seront testés avec la publication des plans nationaux sur le
climat (NDC) des pays attendus pour février. Les pays les plus développés devront faire des
efforts et refléter les engagements de la COP28 en matière de réduction de leurs émissions
dans le domaine énergétique.
Faits saillants de cette COP et éléments de contexte :
● Le Royaume-Uni et le Brésil ont présenté des plans climatiques nationaux solides à
Bakou
● Le G20 a indiqué qu’il comprenait la nécessité de réformer le système financier
international et de taxer les pollueurs, afin de fournir plus d’argent et des
financements de meilleure qualité
● Les réformes des Banques multilatérales de développement fonctionnent : elles
estiment qu’elles peuvent désormais fournir 120 milliards de dollars par an d’ici 2030
aux pays à revenu faible et intermédiaire, dont 42 milliards de dollars pour
l’adaptation (plus 65 milliards de dollars provenant du secteur privé). Plus la réforme
de ces établissements avancera, plus cette contribution sera importante : 480
milliards de dollars sont mobilisables sans dégradation de notations.
● Le monde investit aujourd’hui presque deux fois plus dans les énergies propres que
dans les combustibles fossiles ; les investissements dans l’énergie solaire
photovoltaïque dépassent désormais toutes les autres technologies de production
combinées.
● Les énergies propres ont progressé deux fois plus vite que les combustibles fossiles,
dont la demande devrait atteindre son pic d’ici 2030, selon l’Agence internationale de
l’énergie (AIE). Dans de nombreux pays, le solaire et l’éolien terrestre sont déjà plus
compétitifs que les combustibles fossiles.
● La Chine a augmenté ses investissements dans les technologies d’énergie propre de
40 % en 2023 par rapport à 2022.
● Les investisseurs sont confiants dans la transition : 4 investisseurs sur 5 au niveau
mondial prévoient d’augmenter le niveau d’investissement dans les énergies
renouvelables au cours des trois prochaines années. La même proportion (81 %)
estime que le secteur des combustibles fossiles n’est pas attractif au-delà des cinq
prochaines années, selon un récent sondage réalisé auprès de cadres supérieurs de
plus de 1 300 investisseurs institutionnels dans le monde entier.
● L’économie des fossiles – du pétrole saoudien au charbon indien, en passant par les
1 770 lobbyistes d’entreprises fossiles présents à la COP29, dont les PDG d’Aramco,
de BP, de Total Energies, d’Eni, de Baker Hughes et d’ACWA Power qui étaient les
invités de la présidence – n’a pas obtenu ce qu’elle souhaitait. Ils ont bloqué les
négociations et tenté de gripper les rouages du progrès, faisant perdre un temps
précieux pour atténuer les pires effets de la crise climatique. Cette fois-ci, ils ont
échoué, mais l’inertie créée devra être prise en compte si l’on veut que ce processus
progresse plus rapidement à l’avenir.