IT Denis Lacroix

Vous venez de quitter pour une retraite déjà  bien chargée en rendez vous,  les laboratoires d’IFREMER. Devenu secretaire general du Plan Bleu , vous nous décrirez en janvier prochain dès leur publication, i les futurs scénarios pour la méditerranée auxquels vous travaillez depuis quelques années. Evoquons les préoccupations qui furent les vôtres durant votre parcours de chercheur : l’aquaculture et la pêche. D’abord la pêche: vous avez suivi à IFREMER des années de mesures proposées par cet institut entièrement consacré » à l’océan , sous la double tutelle sous la double tutelle de l’environnement et de la recherche. Il va donc être au premier rang pour cette décennie déclarée décennie de la mer de 2020 à 2030 avec un point d’orgue pour tous les mediterranéens ,la rencontre onusienne UNOC 25 du 6 au 13 Juin prochains à Nice.

DL: je ne suis pas vraiment expert dans tous les domaines du vivant marin, notamment en pêche, mais 40 ans de coopération avec les chercheurs en ce domaine fait de moi au moins un « initié ». La FAO est de nombreux instituts font très bien leur travail. On assiste à une stabilisation de la production et à une hausse des stocks surexploités, 35% en moyenne, soit une hausse certaine. Les causes sont nombreuses. La demande mondiale est en augmentation, les technologues ont évoluées: on peut suivre au sonar les bancs, les filets se sont adaptés aux captures mais surtout les recommandations ne sont pas respectées

De nombreuses associations dont les plus connues, le WWF, ou Bloom, travaillent à la protection des espèces marines en disparition et à mettre fin aux méthodes de pêche qui détruisent l’écosystème marin, comme le chalutage en eaux profondes ou la pêche électrique. ? y arrtivera t on ? Qu’en pensez vous ? qu’en pensent les pêcheurs français ?

DL: C’est un débat éternel! . Il y a des pêcheurs, il leur faut du poisson. Les pressions de surexploitations ont de nombreuses causes, mais la ressource reste aléatoire , surtout en période de changement climatique.

Qu’ont apporté quotas, tac, périodes de pêche ? Comment les établi t on ? est ce efficace ?

DL: on a fait beaucoup de progrès au fil de l’augmentation des connaissances. Le point de départ est la biologie des espèces dans leur environnement . On connait de mieux en mieux les écosystèmes. On ajuste ensuite en fonction de trés nombreux paramètres . La petite pêche artisanale est beaucoup plus durable et pourvoyeuse d’emploi que le chalutage industriel , notamment en Afrique, en Asie…

On continue cependant à piller en face du Sénégal les poissons pour faire de la farine qui ira nourrir …les poissons.

DL les eaux internationales sont mal réglementées. Au large de nos côtes les équipages néerlandais battant pavillon étranger viennent labourer nos fonds. Le combat est inégal entre la pêche artisanale et ses 5000 petits bateaux de – de 12m et les 35 bateaux de plus de 70m

On parle aussi d’aires marines protégées ? Il y a eu une mission créée spécifiquement pour cela puis dissoute en 2016. Un débat se poursuit sur des AMP de papier . Débat que l’on retrouvera d’ailleurs à Nice en Juin.

DL Les aires protégées se devraient d’être un écosystème sain , diversifié, productif, non pêché. Est ce vraiment le cas ? La première réunion date de 1985 , la première ère protégée fut celle de la mer d’Iroise en 2007, elle devait permettre de protéger toutes les activités. En 2009 eut lieu le Grenelle de la mer. On y signa un accord pour 20% de notre ZEE en AMP, dont 10% interdits à la pêche. En 10 ans, huit parcs marins ont vu le jour, mais aucun n’interdît formellement la pêche, et les associations peuvent prouver que l’on y pêche.Bloom fait des suivis par avion et au traceur GPS: rien que dans l’AMP de la côte d’opale, 678h de pêche et des milliers de tonnes pêchées illégalement ont été révélées. La définition d’une AMP telle que la donne l’UICN ne correspond à aucune zone française et ce malgré les déclarations du Président de la République.

Parlons maintenant aquaculture. Au début de votre carrière , avantde faire de  la prospective vous suiviez pour IFREMER l’elevage des chevrettes en Guyane. Ce fût un échec. Rebondit on sur ces echecs ? a-t-on progressé dans la gestion de l’aquaculture ?

DL: En guyane nous savions faire mais nous n’avions pas de marché. Or il est inutile de developper un élevage si on ne peut l’exploiter économiquement . Mais rappelons d’abord ce qu’est l’aquaculture: ce sont des activités d’élevage d’espèces aquatiques (poissons, crustacés, mollusques, algues, coraux, reptiles…Elle se différencie de la pêche par l’intervention humaine dans une partie ou la totalité des étapes du cycle biologique . En 1970, 70 millions de tonnes de pêche et 5 millions de tonnes issues de l’aquaculture. En 2023, 85 millions de tonnes de pêche pour la consommation humaine et 90 millions de tonnes d’aquaculture. La France a développé la recherche et le développement comme pour la crevette tropicale à Tahiti par exemple, le bar, la daurade…mais pour le développement il faut comme nous l’avons vu, un marché, de l’eau de qualité et de l’espace. Or le littoral français est plutôt dévolu au tourisme . IL faut aussi des personnes formées, des instants fiables , des technologies adaptées à la fragilité de l’océan, de la recherche à l’appui, on a progressé en durabilité mais il reste beaucoup à faire.

On dit que demain l’elevage des poissons, des algues…. Palliera la baisse de la production par les pêches de capture ? Etes vous d’accord ?

DL C’est ce qui s’est passé depuis 40 ans .Mais attention au danger de faire les mêmes erreurs que pour les élevages à terre, de l’industrialisation. Il existe de nouveaux potentiels : les infrastructures en mer , là où sont les parcs éoliens on peut installer des cages à poissons et même utiliser des récifs artificiels , dans les terres côtières aussi salinisés par la montée des eaux .

cela voudrait il dire que la Camargue terre du riz pourrait se convertir à l’aquaculture?

DL : Pourquoi pas..

D Martin- Ferrari



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