De plus en plus inimaginable! (GEO)

Onze hommes sont bloqués en mer depuis un an sur un cargo de marchandises. Le propriétaire du navire leur a coupé tout financement et reste aujourd’hui introuvable. Une situation inquiétante, qui pourtant devient monnaie courante dans l’industrie maritime, comme l’explique le Wall Street Journal. Ils sont désormais livrés à eux-mêmes. Cela fait maintenant un an que les membres d’équipage du cargo Grand Sunny sont bloqués au large de la Chine, après que le mystérieux propriétaire du navire a cessé de régler les factures. Affamés et non rémunérés, leur situation – comme celle de nombreux autres marins à travers le globe – est plus que critique, révèle le Wall Street Journal.

Mi-novembre, la Fédération Internationale des travailleurs du transport (ITF) a révélé qu’un record en la matière avait été atteint. Cette année, 282 navires transportant plus de 4 000 marins ont été abandonnés par leurs propriétaires. 131 navires avaient subit le même sort au court de l’année précédente. Le Grand Sunny, leur prison flottante Le Grand Sunny, un vraquier de 100 mètres de long, navigue au large de la Chine depuis 2022. Son équipage est composé de 11 hommes, tous originaires d’Indonésie. De tels navires sont généralement utilisés pour transporter du charbon, des céréales ou d’autres cargaisons en vrac sur des routes côtières vers de petits ports. Mais ils peuvent également transporter des réservoirs en acier contenant des produits pétroliers. Fin 2023, la Fédération Internationale des ouvriers du transport (ITF) reçoit un signalement venant du Grand Sunny. L’équipage n’a pas été payé depuis deux mois. Leurs réserves d’eau et de nourriture sont proches de l’épuisement, si bien que les marins sont obligés de pêcher et récupérer de l’eau de pluie. En août dernier, les autorités portuaires de Hong Kong ayant été averties, décident de monter à bord pour approvisionner l’équipage. C’est alors qu’ils se rendent compte que les documents et les équipements de sécurité du bateau sont expirés, et que son propriétaire est introuvable. Un phénomène courant Le Grand Sunny fait partie d’une armada de centaines de navires qui composent ce que l’industrie appelle la « flotte fantôme ». Il s’agit de navires vieux et mal entretenus, utilisés pour contourner les sanctions sur le pétrole russe, iranien et vénézuélien ainsi que sur d’autres cargaisons. Les navires sont souvent gérés ou détenus par le biais de structures complexes, selon un récent avis du Département du Trésor américain.

Face à ces structures de propriété obscures, les autorités de contrôle n’ont parfois pas d’autres choix que de saisir les navires. « Si c’est un navire fantôme, vous ne pouvez pas rendre les propriétaires responsables, car ils sont introuvables » explique Guy Platten, secrétaire général de la Chambre internationale de la navigation, un organisme représentant les armateurs. C’est ainsi que des membres d’équipage se retrouvent coincés à bord, les autorités portuaires exigeant qu’ils restent avec le navire pour en garantir la sécurité. Les marins, souvent originaires de pays en développement, hésitent à partir sans avoir été payés. Un cauchemar qui représente des mois, voire des années, bloqués à des milliers de kilomètres de chez eux, dans l’espoir que quelqu’un prenne en charge les frais d’entretien du navire.

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