En préparation d’UNOC 25 : la mobilisation de la société civileParis, le 14 janvier 2025

Cinq mois pour sauver le monde : une coalition citoyenne lance la grande bataille pour la protection de l’océan A cinq mois jour pour jour de la Conférence des Nations unies sur l’Océan qui se tiendra en France, les ONG alertent médias et politiques sur des enjeux critiques pour l’humanité Le 8 janvier 2025, à cinq mois jour pour jour de la Conférence des Nations Unies sur l’océan qui aura lieu en France, la Coalition citoyenne pour la protection de l’Océan, BLOOM, Only One, la Ligue pour la Protection des Oiseaux, Seas At Risk et Oceana ont tenu une conférence de presse de rentrée pour signaler aux médias les enjeux sans précédent du sommet onusien pour la sauvegarde du monde vivant et de l’humanité. Alors que cette conférence internationale décisive, seulement la troisième en son genre, s’inscrit pour l’instant sous le signe du renoncement politique, de la diplomatie financière et du greenwashing en évitant d’adresser les problèmes centraux, les ONG ont dévoilé qu’elles se saisiraient de cette fenêtre de tir pour lancer une grande bataille pour la préservation de l’océan, du climat et de notre avenir. Cette “bataille pour l’océan” sera faite de campagnes législatives, d’actions en justice et de mobilisations d’ampleur pour défendre l’intérêt général et mettre en valeur, notamment, la voix des jeunes membres de la Coalition citoyenne pour la protection de l’océan.  Les ONG ont rappelé qu’éviter la déroute mondiale du climat et l’extinction de masse des espèces sauvages nécessitait trois actions prioritaires parmi les 15 points de la Coalition citoyenne pour la protection de l’océan, mais jusqu’ici absentes du programme officiel concocté par la Présidence française :  1) Arrêter de détruire l’océan en désarmant la pêche industrielle, première cause de destruction de l’océan depuis 50 ans selon l’IPBES, en instaurant :– Un programme de déchalutisation des flottes.- L’interdiction sans plus attendre des navires industriels de plus de 25 mètres dans les 12 milles nautiques. 2) Arrêter de détruire le climat en interdisant tout nouveau projet fossile d’exploitation d’hydrocarbures. 3) Protéger réellement les écosystèmes et puits de carbone marins, en instaurant : – L’interdiction de toutes les activités et infrastructures industrielles dans les zones dites “protégées” qui couvrent plus de 30% de l’espace marin français mais qui ne sont actuellement nullement protégées. – Une protection “stricte” sans aucune activité humaine, dans 10% de l’espace marin et en abandonnant le concept de protection “forte” à la française qui laisse la porte ouverte aux exploitations diverses. Dans un contexte où les incendies, les cyclones, les inondations et les canicules marines s’enchaînent, où la destruction massive des écosystèmes et de la stabilité climatique du monde se poursuit avec la bénédiction des États, qui s’entêtent à soutenir le statu quo et les intérêts financiers court-termistes, les ONG appellent les dirigeants politiques à se ressaisir pour sauver l’humanité et à faire alliance avec les citoyens, plutôt qu’avec les lobbies industriels, pour être à la hauteur de l’Histoire.  Les principales annonces faites lors de la conférence de presseLa sénatrice du groupe ‘Les Ecologistes’ Mathilde Ollivier est intervenue en visioconférence pour annoncer déposer sous peu une proposition parlementaire de loi (PPL) permettant de protéger à la fois les pêcheurs artisans et les océansgrâce à de véritables aires marines protégées, correspondant aux critères internationaux de protection. La pêche artisanale subit elle aussi les dégâts engendrés par la pêche industrielle qui ravage ses zones de pêche et a fait main basse sur les quotas et les organes de représentation politique des pêcheurs. Les aires marines protégées sont une façon immédiate de sauvegarder ce qu’il reste de la pêche artisanale en France métropolitaine : les navires de moins de 12 mètres utilisant des arts “dormants”, représentant 71% de la flotte. La proposition de la sénatrice Mathilde Ollivier a pour ambition de mettre fin à l’approche française inopérante de la protection “au cas par cas” qui ne protège que les pêcheurs industriels et les engins les plus impactants comme le chalutage.  
 La sénatrice Mathilde Ollivier a également annoncé qu’elle venait d’écrire au Premier ministre François Bayrou avec ses collègues député Damien Girard et eurodéputée Mélissa Camara pour lui demander d’exclure sans plus tarder les navires industriels des eaux territoriales françaises, en rappelant que cette mesure, soutenue par la profession, avait été votée par le Comité régional des pêches de Normandie. Cette mobilisation politique intervient après les révélations de BLOOM sur le pillage des eaux de la Manche par des méga-chalutiers opérant dans des aires dites “protégées”. 
 BLOOM a lancé un radar de l’impact du chalutage comptabilisant les surfaces d’aires marines françaises supposément “protégées” détruites quotidiennement par le passage des chalutiers à partir du 1er janvier 2025. Au 8 janvier, 1980 km²carré de fonds marins avaient déjà été détruits dans les AMP métropolitaines (soit cinq fois la surface totale de Paris, Marseille et Lyon réunies). 
 Seas At Risk, Blue Marine Foundation et Only One ont annoncé le lancement officiel d’ici la fin du mois de la campagne européenne “Protect Our Catch” visant à sécuriser le maintien de la pêche artisanale grâce à l’interdiction du chalutage de fond dans les aires marines protégées (AMP) de l’Union européenne. 
 La Coalition citoyenne pour la protection de l’océan a lancé un compte à reboursséparant le 8 janvier du 8 juin, journée mondiale de l’océan et lancement de la Conférence de l’ONU sur l’océan à Nice. Les ONG saisissent la justice pour protéger l’océanLes ONG ont annoncé ou rappelé (1) les nombreux recours engagés devant les juridictions européennes pour protéger l’océan, le vivant et le climat, notamment des ravages engendrés par les pêches destructrices tel que le chalutage :BLOOM a annoncé faire appel de la décision du tribunal administratif de Rennesayant porté secours en un temps record aux élus bretons dont BLOOM avait révélé qu’ils avaient voté un plan d’action productiviste pour le secteur de la pêche ainsi que la création d’un fonds privé, dont la région Bretagne serait l’unique actionnaire, destiné à contourner l’interdiction européenne et à utiliser l’argent public pour augmenter illégalement la capacité de pêche. 
 La Ligue pour la Protection des Oiseaux a annoncé engager un recours contre le parc éolien de Dunkerque implanté en plein cœur de la zone Natura 2000 du Banc des Flandres (la même zone où BLOOM a révélé les ravages des chalutiers industriels faisant jusqu’à 142 mètres), un axe migratoire majeur pour les oiseaux d’Europe.   
 En janvier 2025, les ONG ClientEarth, Doggerland, Blue Marine Foundation, Oceana et ARK Rewilding ont attaqué les Pays-Bas pour le chalutage dans l’aire marine protégée de DoggerBank.  
 En décembre 2024, Blue Marine Foundation et BLOOM ont soutenu l’ambition écologique du Royaume-Uni auprès du tribunal permanent de La Haye, après que la série de mesures essentielles pour protéger les écosystèmes marins adoptées par Londres a provoqué le mécontentement des lobbies de la pêche industrielle et l’initiation d’un contentieux inédit et honteux par l’Union européenne. Par ailleurs, les ONG ont exposé les choses suivantesOceana et Seas At Risk ont présenté le “Manifeste bleu” détaillant les attentes des ONG vis-à-vis du nouveau Pacte européen pour les océans, censé être révélé par l’exécutif européen à la Conférence des Nations Unies sur l’océan (UNOC) en juin 2025.  
 La LPO a insisté sur la nécessité de mettre fin à la pollution plastique, notamment celle causée par la pêche, et d’adapter les pratiques de pêche non sélectives afin de réduire au maximum les prises accessoires (cétacés et oiseaux marins particulièrement). Les ONG ont été aussi directes que leurs actes en rappelant que les enjeux sont désormais vitaux et que la dernière chose que l’humanité peut se permettre est un “sommet de l’annonce” lors de la Conférence mondiale sur l’océan, alors qu’il nous faut un sommet des actes et de la détermination politique. Si la France, deuxième puissance maritime mondiale et organisatrice de la Conférence mondiale sur l’océan, ne prend pas ses responsabilités en adoptant des mesures concrètes à la hauteur de l’urgence écologique sans précédent qui met la civilisation en péril, telles que l’interdiction de toutes les activités et infrastructures industrielles, comme la pêche au chalut et les éoliennes offshore, à l’intérieur des zones dites “protégées”, elle ira au-devant d’une conférence mondiale dans une position d’imposture qui éclaboussera sa réputation internationale.  

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