Les Outremers se mobilisent pour Mayotte à Montpellier, samedi 1° Février
Mayotte ,101° département depuis 2011 est le plus pauvre de France , Il traverse actuellement une mauvaise passe. En décembre dernier la capitale Mamoudzou et le quartier de Tsigoni étaient ravagés par le cyclone CHIDO , aux vents particulièrement dévastateurs. Puis ce fut une tempête tropicale avec des pluies et des glissements de terrain. Cette semaine trois feux ont ravagé le Nord de Grande Terre, Acouan et Vahibé. Souvent liés aux brulis interdits mais encore courants qui permettent de bruler les mauvaises herbes avant les cultures, ces feux , attisés par des vents violents, ont ravagé les forêts abattues par le cyclone , soumises à l’intense sécheresse qui règne actuellement dans la région.
A Mayotte, nous sommes dans l’océan Indien et les températures de la mer ont grimpé anormalement sous l’effet du réchauffement . Sous des vents de 200Km/h, les bangas , abris succints recouverts de taules érigés par des habitants pauvres se sont envolés comme des fétus de paille. Le cyclone Chido a été particulièrement violent. D’habitude les cyclones perdent leur intensité en passant au dessus de Madagascar .
Est ce la raison pour laquelle la population n’a pas cru aux alertes , ne s’est pas protégée , peu formée à la culture du risque dans ce territoire alors que les autres départements ultramarins sont avertis des risques cycloniques ? A Mayotte on a surtout initié aux risques liés aux éruptions et tsunami, peu aux risques cycloniques jugés acquis. D’autres avancent une autre raison, plus politique : les émigrés clandestins qui constituent 1/3 de la population ont eu peur d’être ré expédiés aux Comores s’ils venaient aux abris ? Une information démentie par le maire de Mamoudzou qui a vu affluer les enfants des clandestins dans les bâtiments en dur au lendemain de l’épisode cyclonique. Souvent les risques qui naissent du réchauffement climatique se superposent à une mauvaise gouvernance et pour comprendre la précarité des habitations mahoraises, il faut refaire un peu d’histoire et se demander si la France a respecté ses responsabilités.
Il y a cinquante ans, le 22 décembre 1974, l’archipel des Comores s’émancipait de la France : à la question « Souhaitez-vous que le territoire des Comores devienne indépendant ? », les 164 000 Comoriens qui participent au scrutin répondent « oui » à 94,57 %. Le score dépasse même les 99 % dans trois des quatre îles : la Grande Comore, Anjouan et Mohéli.
À Mayotte, en revanche, le « non » l’emporte à 63,22 % : l’île, devenue française en 1841, soit quarante ans avant les autres, est davantage attachée à la France. Depuis le début des années 1960, les femmes mahoraises combattent l’influence des autres îles en se jetant sur leurs émissaires sous la conduite de Zéna M’Déré,. Elles se nomment elles mêmes les « chatouilleuses » harcélent les porte paroles des autres iles au point de les faire tomber à terre, les empêchant de faire campagne. Le gouvernement de Jacques Chirac décide que Mayotte restera française. Elle accédera au statut de département en 2011. Quant aux Comores, elles proclament, unilatéralement, leur indépendance en 1975 et, depuis, revendiquent Mayotte.
Depuis chido , à Paris et au niveau gouvernemental on se préoccupe beaucoup de la reconstruction de Mayotte . On découvre deux problèmes encore non résolus à Mayotte: d’une par celui de l’état civil : il n’existe pas encore parfaitement, d’autre part , celui du foncier. Selon les coutumes africaines, la terre appartient à celui qui l’habite ou la cultive, il n’ y a pas encore de politique foncière finalisée et c’est vrai que le foncier est la chose la plus précieuse sur une ïle. Quand il vient à être occupé par un habitat illégal et dispersé, que peut on faire ?
Pour reconstruire durablement, il faudra prendre tout cela en compte .Les ultramarins connaissent leur île . Ils savent comment construire en zone tropicale et nous pouvons sans doute renforcer leur savoir par le nôtre, mais en aucune façon s’y substituer . La grande polémique actuelle reste la question de la « submersion » . C’est un fait qu’il ya de plus en plus d’habitants à Mayotte et surtout à Mamoudzou la capitale. Un fait à gérer de façon réaliste , sans le soumettre aux idéologies. Et si , comme l’ont fait les chinois , la France aidait à la construction d’un hôpital sur l’ile d’Anjouan? Plus de la moitié des réfugiés comoriens resteraient sur leur île.
A Mayotte , certes se pose la question de la reconstruction mais aussi celle du manque d’eau, fléau mahorais, et cela bien avant chido . n’est ce pas le moment de retrouver des espaces ruraux où l’agroforestrie permettrait de redonner à mayotte de la nourriture et des sols capables de capter à nouveau l’eau qui manque cruellement .
A Montpellier les étudiants mahorais se sont mobilisés pour organiser une grande journée de réflexion entre élus citoyens et associations spécialisées. Sans doute pourra t on y faire un point sur les débats qui se sont tenus à l’assemblée Nationale et au sénat. Mais il ne s’agit pas seulement de « reconstruire « Mayotte. Les îles ultramarines sont des écosystémes fragiles : zones urbaines, zones cultivables , forêts, sols, eau , envasement du lagon et mort des mangroves…. tout cela fonctionne au même rythme et chaque activité dépend de l’autre.,
A l’initiative de l’AEMM (association des étudiants de mayotte montpelliérains) et de Mozaïk Outremers grande journée de soutien à Mayotte et de reflexion sur la résilience des outremers. La réunion se passe 50 place Zeus à la salle du Conseil (inscription allo association: htthttps://www.helloasso.com/associations/aemm/evenements/conference-les-risques-naturels-dans-les-territoires-ultramarins):
9h ouverture officielle, 9h30 vidéo hommage, reportage Mayotte, 9h 35 témoignage Kloe TOMCZAK
9h45 Session thématique: les aléas climatiques et la résilience des outremers . Modératrice D Martin Ferrari (journaliste) et intervenants: sénateurs de mayotte (M Saïd Omar Lili), Dénatrice de St Barth et présidente de la délégation sénatoriale outremer (micheline Jacques) ? la vice pdt de la métropole de Montpellier (Clare hart) . Les experts à distance :Mathieu le Duff (université de Mayotte), Fahad Idaroussi Tsimanda (docteur en géographie LAGAM) Esmeralda Longépée (université de Paris 1) Frédéric Leone (LAGAM Montpellier)
13h40 Table ronde : une vision commune pour l’avenir: dans quelle mesure peut on concilier au mieux enjeux climatiques et développement climatique
2mission sur radio divergence Vendredi 12h, Dimanche 18h Mardi 8h30 et podcast
mail : Urgence.mayotte@sdt34.fr