Un hôpital aux Comores
Plusieurs fois nous avons préconisé la construction d’un hôpital à Anjouan afin de stopper le flux des migrants vers mayotte . Encore faut il doter cette structure de personnel. Dans le cadre de ses échanges bilatéraux la Chine a construit un tel édifice à Anjouan. Il reste désespérément vide faute de personnel. Voir ce reportage de Noé Hochet-Bodin pour le Monde
Aux Comores, l’hôpital fantôme de Bambao sur l’île d’Anjouan ressemble à un mouroir
En 2014, la Chine a construit un établissement flambant neuf sur l’île d’Anjouan. Huit ans plus tard, il est presque désert. Les Comoriens préfèrent se faire soigner à l’étranger, quitte à risquer leur vie pour rejoindre l’île de Mayotte.
Les murs ont perdu leur peinture blanche immaculée. Pourtant, l’établissement est presque neuf et il n’y a guère de passage. L’hôpital de Bambao, sur l’île d’Anjouan, marche au ralenti. Financé par la Chine et livré en 2014, il fut abandonné par les autorités pendant les trois années qui ont suivi la fin des travaux. Les machines ont rouillé. L’unique scanner a rendu l’âme. Les 120 lits et 7 200 m2 de l’hôpital de l’amitié comoro-chinoise de Bambao-Mtsanga ressemblent à un gâchis.
Bien que repris en main par l’Etat comorien en 2017, il ressemble toujours davantage à un hôpital fantôme qu’au grand centre de santé moderne censé résoudre les lacunes du système sanitaire de l’archipel. Seules deux femmes patientent dans un large hall d’entrée. La réceptionniste se tourne les pouces. Les couloirs sont vides, les chambres inoccupées. Une poignée de patients attend devant le service de radiologie, le seul de l’île après la panne technique de la machine du dispensaire public. Et c’est à peu près tout.
L’île d’Anjouan, 330 000 habitants, se trouve en pénurie de personnel de santé. « Il manque des services cruciaux comme la stomatologie, la réanimation et la traumatologie, énumère le docteur Mohamed Salim, un chirurgien dentaire de l’île. Par exemple, si vous vous faites une fracture de la mandibule, les médecins finissent par vous conseiller d’aller à Mayotte, car ici on ne fait pas de stomato. » Partir à Mayotte, située à une soixantaine de kilomètres au large d’Anjouan, est devenu un réflexe pour les Comoriens. « Les patients ne font pas confiance aux médecins comoriens et les soins sont gratuits en France », précise Mohamed Salim.
« Kwassas sanitaires »
Mohamed Ali Gumadi, 35 ans, avait fait le choix d’emmener son cousin Nassem à l’hôpital de Bambao pour traiter un cancer de l’estomac. « L’opération chirurgicale nous a coûté plus de 200 euros, mais n’a rien amélioré. Alors je l’ai mis dans un kwassa-kwassa [embarcations qui effectuent la traversée clandestine vers Mayotte] la semaine dernière. Il est mort en mer », soupire-t-il. « J’irai à Mayotte moi-même si j’en avais les moyens », précise-t-il. La traversée, périlleuse, coûte environ 300 euros. Une petite fortune à Anjouan.