La banque de graines du Svalbard, en Norvège, vient de recevoir les semences d’espèces venues du continent africain. Elles y demeureront stockées afin de préserver la diversité des cultures agricoles en cas de catastrophe naturelle ou humaine (The Guardian) « Pour moi, les semences sont synonymes d’espoir », confie Éliane Ubalijoro, directrice générale du Centre pour la recherche forestière internationale et l’agroforesterie mondiale (Cifor-Icraf), chargée du transport de la précieuse cargaison, dans un article du Guardian (27 février 2025). « Quand je pense à mon pays, le Rwanda, et à ce qui s’est passé en 1994, les banques de graines ont joué un rôle essentiel dans la reconstruction après le génocide », souligne-t-elle. Au total, ce sont 13 espèces africaines qui vont ainsi rejoindre le coffre-fort de graines du Svalbard – parfois surnommé la « banque de graines pour l’Apocalypse » – à travers leurs semences (communiqué du Cifor-Icraf). Celles-ci devront être renouvelées plus ou moins régulièrement, selon la durée (mois, années, décennies voire siècles) pendant laquelle elles conserveront leur capacité à germer. Replanter après la catastrophe Parmi les trésors végétaux du continent qui a vu naître l’humanité, nos confrères britanniques mentionnent notamment deux espèces d’arbres : Faidherbia albida, qui transforme l’azote de l’environnement en des formes assimilables pour les êtres vivants et fertilise ainsi les sols, ainsi que le teck d’Arabie (Cordia africana), offrant un bois solide et imputrescible ainsi que des fruits. L’objectif, à terme, est de pouvoir replanter ces graines après une catastrophe naturelle ou humaine, qu’elle soit mondiale ou régionale. À condition, bien entendu, d’être en mesure d’entretenir (ou, à défaut, de recréer) des environnements où ces plantes pourront prospérer à nouveau. « Si vous plantez des arbres dans la mauvaise zone, vous risquez de créer ce que l’on appelle des déserts écologiques où les pollinisateurs locaux ne reconnaissent pas ces arbres ou ne s’en nourrissent pas, ce qui diminue en fait la biodiversité », prévient en effet Éliane Ubalijoro. Le rôle indispensable des femmes Les connaissances locales, en particulier celles des femmes, devraient s’avérer cruciales. « Dans de nombreux pays d’Afrique, 60 % des femmes ou plus participent à l’agriculture. Nous devons garantir la biodiversité nécessaire à la protection de ces ‘cultures féminines’ et veiller à ce qu’elles soient prioritaires », prône la directrice générale du Cifor-Icraf. Outre les plantes utiles à l’alimentation, la banque de graines de l’Apocalypse veillera également sur des essences africaines dotées de propriétés médicinales, telles que l’Acacia polyacantha (morsures de serpent), le baobab africain Adansonia digitata (maladies des reins et de la vessie, asthme, diarrhée, piqûres d’insectes) et le Sesbania sesban (anti-inflammatoire, antioxydant et antiviral). Ce coffre-fort de la biodiversité végétale comprend désormais plus d’un million de graines de 177 espèces différentes venues du monde entier (communiqué du Cifor-Icraf). GEO © CIFOR-ICRAF

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *